Jean Marie Le Clezio

Tous mauriciens ne peuvent rester insensibles à l’attribution du prix Nobel de littérature 2008 à Jean Marie Le Clézio. Homme planétaire car il a vécu et a travaillé dans des nombreux pays tant sur les continents Africain, Européen, Asiatique ou Américain. Interroger par Adam Smith l’éditeur en chef du site web nobelprize.org, sachant qu’il était un globe-trotter, il avoua, sans équivoque, son homeland est belle et bien l’ile Maurice. Merci Jean Marie Le Clézio pour ton attachement à notre Ile. Merci pour le cadeau que tu nous fait. J’espère réentendre ce cri de cœur pour Maurice encore à la cérémonie d’investiture des prix Nobel au mois de décembre en suède.

AS] Thank you so much. You’re an inhabitant of many countries but we catch you in France now, is that correct?

[J-MGLC] Yes, yes. I am in France presently. Normally I am going to Canada in a few days, but I’m still in France now.

[AS] And given that you were brought up in many countries and you’ve lived around the world, is there anywhere that you consider to be home?

[J-MGLC] Yes, in fact, I would say that Mauritius, which is the place of my ancestors, is really the place I consider my small homeland. So, this would be Mauritius definitely.

Auteur de nombreux ouvrages il semble avoir de la nostalgie de chez lui, en observant la disparition graduelle d’un mode de vie dans les iles de l’Océan indien : résultat d’une poussée rapide et inexorable de la globalisation. Raga: approche du continent invisible (2006).

Une bibliographie féconde :

Le procès-verbal. – Paris : Gallimard, 1963

Le jour où Beaumont fit connaissance avec sa douleur. – Paris : Mercure de France, 1964

La fièvre. – Paris : Gallimard, 1965

Le déluge : roman. – Paris : Gallimard, 1966

L’extase matérielle . – Paris : Gallimard, 1967

Terra amata. – Paris : Gallimard, 1967

Le livre des fuites : roman d’aventures. – Paris : Gallimard, 1969

La guerre. – Paris : Gallimard, 1970

Haï. – Genève : Skira, 1971

Mydriase. – Montpellier : Fata Morgana, 1973

Les géants. – Paris : Gallimard, 1973

Voyages de l’autre côté. – Paris : Gallimard, 1975

L’inconnu sur la terre. – Paris : Gallimard, 1978

Vers les icebergs. – Montpellier : Fata Morgana, 1978

Voyage au pays des arbres. – Paris: Gallimard, 1978

Mondo et autres histoires. – Paris : Gallimard, 1978

Désert. – Paris : Gallimard, 1980

Trois villes saintes. – Paris : Gallimard, 1980

Lullaby. – Paris : Gallimard, 1980

La ronde et autres faits divers. – Paris : Gallimard, 1982

Celui qui n’avait jamais vu la mer ; suivi de La montagne du dieu vivant. – Paris : Gallimard, 1982

Balaabilou. – Paris : Gallimard, 1985

Le chercheur d’or. – Paris : Gallimard, 1985

Villa Aurore ; suivi de Orlamonde. – Paris : Gallimard, 1985

Voyage à Rodrigues. – Paris : Gallimard, 1986

Le rêve mexicain ou la pensée interrompue. – Paris : Gallimard, 1988

Printemps et autres saisons. – Paris : Gallimard, 1989

La grande vie ; suivi de Peuple du ciel. – Paris : Gallimard, 1990

Onitsha. – Paris : Gallimard, 1991

Étoile errante. – Paris : Gallimard, 1992

Pawana. – Paris : Gallimard, 1992

Diego et Frida. – Paris : Stock, 1993

La quarantaine. – Paris : Gallimard, 1995

Poisson d’or. – Paris : Gallimard, 1996

La fête chantée. – Paris : Le Promeneur, 1997

Hasard ; suivi de Angoli Mala. – Paris : Gallimard, 1999

Coeur brûlé et autres romances. – Paris : Gallimard, 2000

Révolutions. – Paris : Gallimard, 2003

L’Africain. – Paris : Mercure de France, 2004

Ourania . – Paris : Gallimard, 2006

Raga : approche du continent invisible. – Paris : Seuil, 2006

Ballaciner. – Paris : Gallimard, 2007

Ritournelle de la faim. – Paris : Gallimard, 2008

Notice biobibliographique

Jean-Marie Gustave Le Clézio est né le 13 avril 1940 à Nice, mais ses deux parents avaient de fortes attaches familiales avec l’île Maurice, ancienne colonie française, conquise par les britanniques en 1810. À l’âge de 8 ans Le Clézio part avec le reste de sa famille habiter au Nigéria, où le père est resté comme médecin pendant la deuxième guerre mondiale. Durant le mois que prend la traversée en bateau vers le Nigéria, il débute sa carrière d’écrivain en composant deux petits livres, Un long voyage et Oradi noir, qui contiennent même une liste des “ouvrages à paraître”. Il grandit avec deux langues, le français et l’anglais. Après le baccalauréat en 1957 il fait des études d’anglais à l’université de Bristol 1958-59 et celle de Londres 1960-61. Après avoir obtenu son diplôme de premier cycle à l’université de Nice (Institut d’Études Littéraires) en 1963, il termine ses études de niveau supérieur à l’université d’Aix-en-Provence en 1964 et achève son doctorat sur l’histoire ancienne du Mexique à l’université de Perpignan en 1983. Il a enseigné entre autres aux universités de Bangkok, de Mexico City, de Boston, d’Austin et d’Albuquerque.

Le Clézio suscite beaucoup d’attention avec son premier roman Le procès-verbal (1963). En tant que jeune écrivain dans le sillage de l’existentialisme et du nouveau roman, il est un conjurateur qui essaie d’extraire les mots de l’état dégénéré du langage quotidien, et de leur infuser de nouveau la force évocatrice d’une réalité essentielle. Ce premier livre introduit une suite de descriptions d´état de crise, qui inclue également le recueil de nouvelles La fièvre (1965) et Le déluge (1966), où il dénonce le trouble et la peur inhérents aux grandes villes occidentales.

Très tôt Le Clézio se situe comme un écrivain écologiste engagé, une orientation qui s’accentuera avec les romans Terra amata (1967), Le livre des fuites (1969), La guerre (1970) et Les géants (1973). Sa consécration définitive en tant qu’auteur romanesque arrive avec Désert (1980), pour lequel il est couronné d’un prix par l’Académie française. L’ouvrage contient des images grandioses d’une culture perdue dans le désert de l’Afrique du nord, qui contrastent avec une description de l’Europe vue à travers le regard des immigrants indésirés. Le caractère principal, Lalla, la travailleuse étrangère algérienne, est un antipode utopique à la laideur et la brutalité de la société européenne.

Le Clézio publie parallèlement avec ces romans des essais méditatifs L’extase matérielle (1967), Mydriase (1973) et Haï (1971), ce dernier montrant des influences d’une culture indienne. De longs séjours au Mexique et en Amérique centrale entre 1970 et 1974 ont une importance marquante pour son oeuvre, et il choisit de s’éloigner des grandes villes pour trouver une nouvelle réalité spirituelle au contact des amérindiens. Il rencontre Jemia, d’origine marocaine, qui deviendra son épouse en 1975, la même année que la publication du Voyage de l’autre côté, un livre où il relate ce qu’il a appris en Amérique centrale. Le Clézio commence la traduction des grandes oeuvres de la tradition amérindienne, comme Les prophéties du Chilam Balam. Le rêve mexicain ou la pensée interrompue (1988) témoigne de sa fascination pour le passé grandiose du Mexique. Depuis les années 90 Le Clézio et sa femme se partagent entre Albuquerque au Nouveau Mexique, l’île Maurice et Nice.

Le chercheur d’or (1985), traite du sujet des îles de l’Océan indien dans l’esprit du roman d’aventures. L’attirance de l’écrivain pour le rêve du paradis terrestre apparaît au cours des dernières années dans des livres comme Ourania (2005) et Raga: approche du continent invisible (2006), ce dernier étant consacré à documenter la vie menacée de disparition dans les îles de l’Océanie lorsque la globalisation s’impose, le premier étant situé dans une vallée perdue du Mexique, où le caractère principal, l’alter ego de l’écrivain, rencontre une colonie de chercheurs qui a regagné l’harmonie de l’âge d’or et a abandonné les usages pernicieux de la civilisation, dont celui des langues courantes.

Le point central de l’oeuvre de l’écrivain se déplace de plus en plus en direction d’une exploration du monde de l’enfance et de sa propre histoire familiale. Cette tendance débute avec Onitsha (1991), continue de façon plus explicite avec La quarantaine (1995) pour culminer dans Révolutions (2003) et L’Africain (2004). Révolutions recouvre les thèmes les plus importants de l’écrivain: la mémoire, l’exil, les ruptures de la jeunesse, le conflit des cultures. Des épisodes issus de périodes et de lieux différents sont placés les uns à côté des autres: les années d’apprentissage du personnage principal pendant les années 50 et 60 à Nice, Londres et Mexique, les expériences de l’aïeul breton qui fut soldat de l’armée de la révolution entre 1792-94 et l’émigration pour l’île Maurice afin d’éviter la répression de la société révolutionnaire, ainsi que le récit d’une esclave au début du 19ème siècle. Parmi les souvenirs d’enfance se trouve enfoui le récit de la visite du personnage principal à la soeur de son grand-père paternel, dernière détentrice de la tradition familiale issue de la propriété perdue de l’île Maurice, qui transmet les souvenirs dont l’écrivain prendra possession dans son oeuvre.

L’Africain est l’histoire du père de l’écrivain, tout à la fois reconstruction, opération rédemptrice de l’honneur, et mémoire de la vie d’un garçon à l’ombre d’un étranger qu’il se doit d’aimer. Il se souvient à travers le paysage: l’Afrique lui raconte qui il était la fois où, enfant âgé de huit ans, il fait l’expérience de la réunion de la famille après le divorce des années de guerre.

Parmi les derniers ouvrages issus de la plume de Le Clézio, citons Ballaciner (2007), un essai profondément personnel sur l’histoire de l’art cinématographique et sur l’importance du film dans la propre vie de l’écrivain, depuis le projecteur à manivelle de l’enfance en passant par le culte de l’adolescence pour les tendances des cinéastes en vogue, pour atterrir à l’âge adulte dans l’art cinématographique de contrées du monde inconnues. Une nouvelle oeuvre Ritournelle de la faim vient d’être publiée.

Le Clézio a aussi écrit plusieurs livres pour les enfants et la jeunesse, par exemple Lullaby (1980), Celui qui n’avait jamais vu la mer suivi de La montagne du dieu vivant (1982) et Balaabilou (1985).

Prix littéraires: Prix Théophraste Renaudot (1963), Prix Larbaud (1972), Grand Prix Paul Morand de l’Académie française (1980), Grand Prix Jean Giono (1997), Prix Prince de Monaco (1998), Stig Dagermanpriset (2008)

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