La Boutique chinoise de la Reunion

extrait d’images de L’Ile de la Reunion

La boutique chinois
Le créole ne fera pas d’accord en disant la boutique chinoise, mais dans son esprit, il s’agit de la boutique tenue par un Chinois.

Les boutiques sont installées dans toute l’île et font partie intégrante du paysage des villes et aussi des hauts. Elles étaient appelées en général du prénom du boutiquier : “chez Marcel”, “chez Georges”, “chez Jean”. La devanture de la façade était décorée de morceaux de tôles clouées, sur lesquelles il y avait des publicités pour tels produits ou tels autres. Parfois, les autres publicités étaient sur papier, et tout cela mettait un peu de couleur à cette construction banale, il faut le dire. Les boutiques des premiers étaient bien modestes avec des portes qui se fermaient avec un système de levier à bascule. L’architecture des boutiques de ces migrants chinois était reconnaissable aussi bien extérieurement, qu’intérieurement avec la disposition des comptoirs dedans.

Jouxtée à cette construction, était la buvette qui rassemblait de nombreuses personnes autour d’un ou deux “p’tits verres”.

Beaucoup de boutiques étaient construites sur un socle en pierres taillées enduites de ciment et sur lequel était placé le plancher. Ce vide sous ces planches permettait une meilleure circulation de l’air, donc moins d’humidité dans la boutique. Les côtés sont en planches recouvertes de tôles (pour que le bois soit moins humide), mais aussi à cause des rats et souris qui dévasteraient davantage les denrées stockées à l’intérieur. Ces boutiques en général se dressaient à un angle de rue avec son toit de tôle ondulée à quatre pentes et un auvent. Ce dernier courait sur toute la longueur du bâtiment, protégeant avantageusement portes et passants du soleil et des intempéries. Sous cet auvent on pouvait voir se dresser parfois, un petit perron en béton permettant les compagnons de beuveries de s’y asseoir et discuter en dehors de la buvette. Traditionnellement la boutique est un lieu de convivialité où les hommes du village aiment se rencontrer.

L’intérieur c’était une vraie caverne d’Ali Baba, car ce sont de petits commerces de proximité qui proposent toutes sortes de denrées alimentaires et d’articles de première nécessité.

L’aménagement de l’intérieur des boutiques était pratiquement le même partout. Souvent à la porte, recouverte aussi de tôle, se dressaient, alignés, des “gonis” débordant de riz en vrac, de maïs en grains, de tourteau, de café, de sucre, de haricots en tous genre, Un peu plus au fond et à gauche, était dressée une vitrine. Celle-ci, de fabrication artisanale et réalisée en bois de tamarin, constituait un élément indispensable au mobilier du commerce. Le boutiquier se tenait derrière ce comptoir-vitrine. Une porte intérieure, menait à l’arrière du magasin. Cette partie ajoutait aux clients un mythe de l’Orient aux obscurités de cette arrière-boutique. Quand on demandait au chinois une chose rare, il disparaissait dans le “fénoir” de cette pièce et revenait longtemps après, avec la marchandise demandée ou autre chose d’équivalent. Il déballait lentement cette marchandise de son papier journal tout auréolé d’odeur d’épices, d’alcool à brûler et de poussière.

Sur la partie droite du magasin se dressait une autre vitrine. Sur une poutre derrière le boutiquier, à un crochet, pendaient des “cornets chinois” jaunis dans lesquels il emballait les marchandises (pas de sachets plastiques !). Ces cornets étaient fabriqués par le chinois lui-même, d’où l’appellation “cornet chinois”.

Sur la vitrine de gauche trônaient de grands bocaux contenant des bonbons à la menthe, aux fruits, des berlingots des sucres d’orge et autres. Et tout près de ces bocaux, était placé un boulier chinois, (pas de caisse enregistreuse, ni de calculatrice). Parfois, certains boutiquiers ne sachant pas manier le boulier (il est vrai difficile à s’y faire) posaient l’opération sur un papier journal remplis de chiffres, ou bien sur le cornet.

La partie supérieure de cette vitrine contenait les pâtisseries, des biscuits, les macatias de l’époque, et que les enfants ne quittaient pas des yeux. La partie inférieure contenait quant à elle des objets religieux, des outils, et autres. Toutes les marchandises se côtoyaient dans un espace réduit. Des chapeaux de feutre étaient suspendus çà et là pour les messieurs.

Ce commerce était une entreprise familiale tenue par le chinois, son épouse, et aussi les enfants. L’épouse s’occupait surtout de la vente des articles de la partie droite du magasin, soit, la toile, chaussures, boutons, galons, fil, livres parfums . Dons cette partie du commerce se tenait derrière son comptoir, la boutiquière, et derrière l’autre vitrine où des pâtisseries étaient exposées, le chinois se tenait devant tout un mur rempli d’étagères sur lesquelles s’alignaient les bouteilles d’alcool, de liqueurs, d’eau, de sirop aux étiquettes colorées. Les étagères inférieures contenaient des boîtes de conserves, allumettes, bougies, lampe à pétrole, eau de Cologne, Tout ces articles placés côte à côte, avaient leur place sur cette étagère. Des outils, des sabres, de la corde, des sacs de clous, des vis, formaient un coin bricolage. Une autre vitrine abritait les saucisses, le boucané et autres.

Sur un côté, se tenait un réfrigérateur vitré (quand on eut l’électricité) dont le contenu faisait envie à tous les enfants et aussi aux grands. Ce qui intéressait encore plus les enfants, c’était bien sûr, les sorbets avec leurs bois empilés dans le congélateur, que ces petits dégustaient aromatisés à la vanille, au chocolat, à la grenadine, au coco.

Une place spéciale était faite pour la balance Roberval et ses poids. C’est aussi à cette boutique que les enfants achetaient les plus gros pétards, et les plus beaux feux d’artifice pour les fêtes de Noël. Ces objets à allumer sont indissociables aux fêtes de fin d’année.

Ce qui faisait marcher ce commerce auprès de la population pauvre de l’île, c’est bien cette pratique des crédits (basée uniquement sur la confiance), sans intérêt appelé “carnets”. Le commerçant notait sur ces carnets tous les achats non payés de chaque personne vivant avec un crédit. Celui-ci était tenu en double exemplaires, et en fin de mois, quand le salaire tombait, le client venait régler le chinois, et c’était reparti pour un autre mois. Ainsi allait la vie.

Dans certaines boutiques,des denrées de base étaient stockées dans des bacs en bois (casier) dans lesquels les chinois plongeaient d’une main preste, une mesure en fer-blanc ou une sorte de petite pelle arrondie fabriquée localement. Ces caissons étaient surtout réservés aux grains, au café au maïs, au sucre. Dans ces denrées, le maïs était largement vendu, de la farine jusqu’aux grains, en passant par le fabuleux “maïs sosso”.

Pas trop loin de ces bacs, des billots servaient au découpage de la viande, de la morue séchée, dont l’odeur empestait toute la boutique. Il faut reconnaître que cette “boutique chinois” était un capharnaüm d’objets rangés ou suspendus puisque le magasin constituait la boutique d’alimentation où se dressaient des remparts de conserves, des murailles d’étoffes et de mousseline, des cartons de bouteilles ; on y trouvait un coin (pour ne pas dire rayon) bricolage, toiles, mercerie, librairie etc.

La boutique chinois, avec ses diverses marchandises, sa buvette pour le “p’tit coup d’sec” mettait sa grosse balance à la disposition des planteurs pour peser leurs productions de maïs, de manioc, ou d’huiles essentielles (qui sans doute se vendait au kilo !!). Là, s’échangeaient les marchandises mais aussi les nouvelles du quartier. La boutique faisait aussi office de banque avec crédit sur carnet ou avances sur récoltes (le plus souvent sur les huiles essentielles dans les hauts).

Parfois ces chinois avaient plus d’un tour dans leur sac, car au retour d’un enterrement dans le quartier, certains offraient un “p’tit coup d’sec” aux parents et amis du défunt. Ce geste touchait bien sûr la clientèle.

Plus tard ces chinois enrichis, leurs enfants bénéficieront d’un certain capital, et c’est ainsi qu’ils s’ouvriront une quincaillerie, ou une superette par exemple, mieux organisée que la boutique de leurs parents.

Le chinois est toujours en activité, mais le créole dira quand il verra un autre créole s’ennuyer, et revenir, et encore et encore, on lui dira qu’il est comme
« un chinois sans boutique ». Cela veut bien dire que le chinois est indissociable à sa boutique, sans celle-ci, il est perdu.

Pas loin avec les cousins Mauriciens!

17 comments ↓

#1 joseph on 09.14.06 at 6:32 pm

Recit tres image qui nous ramene 30 ans en arriere. Ce qui est surprenant c’est qu’il existe encore des boutiques de ce style avec de vieux chinois (couple) qui emporteront dans leur tombe ce commerce que nous avons tous cotoye dans notre jeunesse. Nous n’aurons plus alors que des tristes superettes, certs plus operationelles mais sans chaleur. Les hindous (malbars) ont bien repris un peu de ce business mais ce n’est pas la meme chose. Les jeunes chinois ont deserte ce creneau s’etant probablement enrichis. Mon chinois a Rose Hill a ainsi un enfant qui est devenu eveque a Madagascar. Bel exemple d’ascension sociale.

Par contre, la pierre angulaire du systeme chinois est encore vivace. Je vois assez souvent des blancs de grand Baie utilisant le carnet ou le commercant note les depenses!

Merci Paulo

#2 joseph on 09.14.06 at 6:35 pm

Je recopie des commentaires lus te recus sur le theme.
Edouard m’en a bien parlé de cela quand il est passé chez moi ! Son papa allait prendre ses provisions à port louis en bateau de bambous Virieux !. Quand il retournait le sel et le sucre etait quelque fois trempés !
Notre boutique avait ako comme gerant . Le batiment est aujourd’hui a Alain ( Gentil ) La taverne s’appellait la cambuse et ako faisait des gajacs supers ! Un jour un soulard allant pisser derrière la boutique appercut beaucoup de coque de courtpas ! Ako faisait frire des courtpas avec du “siaow ” et des gros oignons ! Il connaissait bien triangué sur sa balance et que dire des bouteilles de “goodwill ” coupé à l’eau !! Quand le soulard etait mure il buvait 60% d’eau et le reste c’etait du Rhum!
Gateau coco ,gateau costé ,gateau gingembre ,pétard , pétard rapé et pétard “tifisse”
Carnet rouge et carnet dipain!

#3 joseph on 09.14.06 at 6:38 pm

autres commentaires
Merci Paulo:

1) La Réunion Française est aussi pittoresque que Maurice avec son lot de sinois et pauvres;

2) En Juillet, j’ai eu la chance de passer chez Maxime Chow Wan Chung qui était dans notre classe. Il est instituteur en primaire et habite toujours derrière la boutik de ses parents, rue Gladstone – à 5 mins du bazar Rose Hill. La boutique est toujours tenue par ses 2 grands frères (tous célibataires) et est restée à l’identique d’il y a 30-40 ans.. Pendant une heure que nous causions, un pauvre bougre est entré pour prendre une cigarette et une autre dame un coca-cola!

3) Docteur Roland To Choi Wan habite toujours pr̬s de la boutique Рrest̩e bien originale Рde ses parents

3) Il y a 2 ans, Marc Li Shing Pun et moi sommes passés dans la boutique d’une famille à lui à Mahebourg (lors grand simain) – Pareil couma lé temps longtemps. N’en déplaise à 007, le coté pittoresque de Mahebourg est ce qui a de plus désarmant encore à Maurice – même pour moi.

4) N’oublions pas les magasins sinois – on les appellait magasins merceries – repères d’Ali Baba par excellence..

Some things will never, ever change, camoiades !!

#4 joseph on 09.14.06 at 6:39 pm

Pas n’en déplaise ta !
Je suis trés heureux de penser à tout cela . J’ai vecu cela à la campagne avec Ako et sa femme Madame ako , le grand père qu’on appellé Captan ( capitaine ) qui supervisait les ventes et les soirs on allait voir Ali , hassoon et ah tien , ( les enfants avec qui on allait à l’ecole Bon Secours a port louis .( aujourd’hui tous au canada )Sans blaguer les soirs ils retiraient 4 batons d’allumettes ( zoulou ) dans chaque boite et remplissait une autre boite .On entendait Ako et Captan venir dans un bruit de calepas en bois sur le sol en pierre . Les mardis Ako allait faire les provisions à Port LOuis . Aprés des parties de Ma jong il retournait assis sur les balles de riz et de grains secs dans le caisson du camion afin de surveiller si les ” enflés ” camions ne volaient pas les paquets de bomblis et de sounouk .Bien sur il se faisait engueler par madame Ako ( ah Chin ) car il perdait de l’argent . Mais en une seule enguelade en chinois par Ako , madame Ako se taisait ! Quand la boutique se fermait les soulards allaient dans “la Cambuse ” boire grog ” ( la même épisode courtpas comme gajacs….pas pé couyonne zotte la )Il y avait toujours une fenetre derriere la boutique ou on pouvait taper et ako venait servir les commissions .A la campagne les samedis les villageois se baignaient à la rivière et venaient ” tire ration ”
Tout les fin de mois Ako venait faire les comptes avec ma maman à la maison . Ako ecrivait en chinois et traduisait dans un créole approximatif les ” bons ” . C’etait des scéances épiques ou nous les enfants on rigolait . A cette epoque on pouvait acheter lastique flèche pou touye zozo condé , un peu plus sophistiqué ti éna di plomb BSA…Valve bicyclette , la crème Brylcreame pour les cheveux , thermogene tiger balm .La fin de l’année chaque enfant avait un petit paquet de pétard avec Ako . Les parents avait un gros jambon .
Mr Axa je suis sur d’avoir vecu plus longtemps les histoires sinois que toi !
J’avais un collegue chinois qui me racontait que les jeunes ” chinois laboutique” avaient un gros problème aujourd’hui pour se marier . Aucune jeune chinoise ne voulait habiter une boutique à la campagne . Donc les jeunes hommes vont chercher des filles en Chine et les ramenent à Maurice . C’est cela notre péril Jaune !
Edouard tu te rapelles quand on parlait de cela ? Banne chinois la ville pas conné sa banne zafaire la ! Dire zotte un peu…………………….
Salam
Robert

#5 joseph on 09.14.06 at 6:40 pm

Bien raison Robert les boutik sinwa de la campagne etaient encore plus heteroclytes que ceux de la ville. Bien que quand on rendait visite aux Port Louisiens, c’etait les BBassin Rose Hill qui venaient de la “campagne”. Par opposition a “en ville”. Alors twa to ti ress kot sa? Tablissma? Language desuet deja aux oubliettes. Enseigne nous ce lexique des tablissmas qui se perd deja. SOS Patrimoine.

Paul

#6 joseph on 09.14.06 at 6:44 pm

Rêve chinois la ville ….garcon la comptable” Place vendome ”
Ene camrad sinois ti raconte moi ki tout ti zenfants sinois ti baptisé sauf celui ki ti fine designé pour prend releve dans la boutique .Coume sa li capave coquin!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
baptise catholique ou capav confessé.
baptise protestant ou capv confess ar bondieu directe.
pas baptisé pas capav confessé bessé lorsli

#7 joseph on 09.14.06 at 6:46 pm

Robert
Sa meme ca
J’ai connu exactement la meme chose. Je suis ne et ai vecu ma premiere jeunesse sur la propriete Trianon, dont je connais tous les coins et le recoins. Mon grand pere etait un chef d’etat major ( comme on dit dans la langue des tablissema) a l’usine. Nous habitions une maison coloniale immense, presqu’identique a Mon Repos. Puis apres la fermeture nous sommes arrives a la fin a RoseHill et quelques annees apres j’ai pris de l’emploi a Union Sugar Estate et j’ai vecu a Terracine , du cote de Souillac jusqu’a ce que je parte en 1990,
A Union Ducray il y avait la boutique AhYen, que je ne decrirai pas ici. Mais ce gars a fait une fortune. La propriete achetait plein de choses chez lui. Il y stockait des pieces de rechange de Massey Ferguson etc., et de presque toutes les voitures, des pieces d’usine… . Et a chaque fois qu’on ne trouvait pas une piece a PortLouis ou pour une urgence on etait sur d’en trouver chez AhYen. Et je te passe des nombreuses disputes qu’on avait sur les prix a la fin du mois.
Il a por la suite ouvert une usine de clous et boulons pres du Batelage. Il avait importe une femme de la Chine.
zot armand ca
PS. La vie tablisseman ene lotte ca. Un monde a part.

#8 joseph on 09.26.06 at 9:09 pm

The saga continued in a forum which I could not resist from bringin to light:
Philippe
I beg to differ!
Il n’y pas lieu d avoir honte et de penser que nous etions fautifs de notre meconnaissance.
We are placing ourselves in a context some 40 years ago,of an exchange between boys full of hormones and mischiefs, raw of any living experiences. Now 40 years after we are placing a judgement loaded with a life time of existence, hopefully with an acquired sum of unsought wisdom. Your answer is not receivable as it is out of context and an anachronism would say my teacher of english literature Bro.Donard.
The good thing is the story has better flavour today. Almost exalting… And we appreciate our friends better now, knowing how much pain they endured without uttering a word or showing a doubt or a whisker of sign. Bravo les gars…
I learned only 45 years after, that another school mate @ St Mary’s that his father was gardien de cimitiere de l’ouest employee de la municipalite and was a bousier. Chapeau for all. Thru this mesconnaissance, we treated him on the same footing as any body else and his dignity was not violated.Would you imagine if the information was at the time common knowledge by the mischievous boys we were then? Today, a top manager in a parastatal company,he proudly told me the story of his parents and childhood.
Points to ponder.
Joseph
110% d’accord avec toi Paulo mais quelque part on est tous fautifs.
Philippe
Bernard

Nous ne savions rien de nos copains d’ecole et si Edouard ne m’avait pas conte son histoire il y a quelques annees a Toronto,, je n’en aurai jamais rien su. Parodie c’est sur, mais je pense aussi a tous ceux qui ne nous ont pas fait de confidences. Nous etions des petits bourgeois adolescents trop preoccupes de ce qui ce passait aux Lorettes et au BPS. J’ai honte.

Paulo

Paulo,
rebondissant sur ta question, je me demande pourquoi on n’apprend ces choses d’Edouard que maintenant. Est-ce que la communication au college n’etait que superficielle? Parodie de societe plurielle!

Bernard

Edouard,
en repensant a ton recit, qui me traine dans l’esprit, comment faisais-tu pour venir au college tous les jours, surtout avec les moyens de transport de l’epoque?

Bernard

Paul – Thank for the article. This brought back memories of my teenage years where I had to help in the shop. I recall a speech made by Michael Lee-Chin, owner of AIC group.
He is from Jamaica from Chinese father and Jamaican black mother. His dad owned a shop and he related how he used this experience later in life and business. He called it his BSC degree. The BSC stands for “behind shop counter”.
I attach images of what remained of the shop that my dad owned until he died. There was nothing nearby (it’s still the case) as the villagers elect to construct on higher ground (wise). It was at the intersection of the roads where you enter to the office and residence of employees of the sugar cane plantation. You can see some of the buildings (white) in the background on photo 01. Electricity is now available as they have turned it into a tourist spot, with little shacks for accommodation, a small display of farm animals and a restaurant on top of the hill that I used to hike in my young days. I even paid an entry fee to boot on my last and only visit in 2002.

Robert – Sorry for not joining in earlier. I just started reading the emails after a long road trip. Winter is fast approaching and there are still much to do to wrap up all outdoor work. Certain parts of Alberta have already received snow during the week.
While you are relating many of your encounters with the retail shop, I have experienced the pains and aches behind the counter. You are describing it so correctly from removing few matches (that’s why the people used to shake the box after purchase), the removal of a few pounds of rice from a gouni du riz/suz from the debardeur camion, collecting from the credit notes, selling liquor after hours (the policeman used to come collect their gooz or else you get cited). Unfortunately, it is the poor people at the end of the line who pay for it. It is not something that one needs to brag about and has to be proud of. It probably still happens today. It is referred as “trick of the trade”. These things occur from the wholesale supplier to the middleman, etc.
I believe that owning a boutik in the village may be much different than owning one in the city. The boutik in the village, especially if it is the only one, was the central and meeting place for all people. Retail prices were higher because of extra overhead costs. The next shops would be miles away with poor transportation. In my time, on the bus route Mahebourg to Flacg, the bus stopped in front of all the shops as most of the locals would live nearby. Credit would not be granted to non locals. The Chinese owners knew each other especially if they are of the same clan association. Free dipan, dibuerre ek sardine would be given to the whole family ek ti chopine divin for the man when they come to shop weekly. Most villagers preferred to have the purchase listed on the counter and added instead of the use of the abacus. Purchase items were listed on the counter with chalk and later erased.
In my time the people in the village, where we were, were uneducated. You notice the attitude difference between the local people and the people that came for the sugar cane harvest.
Some scrambled thoughts- Dad was the strict shopkeeper always after people who did not pay or would not grant more credit until part payment was done etc. Mom showed the human side. Female member of the family would come for help when Dad went uptown to place the shop weekly merchandise order. They will plead with mom and they always left with something. Dad knew about it but never made a fuss. There were also hand me down clothes that Mom passed on to the family. Some would bring brede martin/malbar, picked up from the sugar fields and exchange for some groceries. Others would bring in some fish to trade for rice/flour.
The carnets was made of white faded paper, hand cut, binded by hand sown twine, no fridge or electricity – pork sale in ceramic container covered with a wooden lid (why? I do not know), use of lampe petrole in the evening. Cornets sinois were made from old newspapers (bought in bulk, also useful in the outhouses) from Australia . I used to get shit because I spent more time reading than folding the cornets. Maggots in poisson sale not refrigerated (shake the maggots off and it’s good as fresh). Merchandise prices – wholesale cost was in Chinese beside retail price. Using caisse divin as seat in the “section la boisson”. Ours did not have a wood floor but made of stone as we have to face frequent inundations. I wonder how my parents never complain or suffer from knee problem.
Radio with batteries – played very little but the people in the tavern want to hear it loud. Recall radio la reunion will come on air ½ hour before MBS. Dad would listen- how much French he understood I do not know. Amazed how some locals would recall the lyrics of songs – heard a lot of Mario Lanza imitators when they are drinking. Dad used to be mean, he would shut off the radio to conserve the batteries or when it got too noisy.
Religion – Mom and Dad were baptized. Their god father was a Montocchio, owner of the tablishment. I do not know whether baptism was a requirement to have the boutik or not. I recalled the one occasion that we attended a Christmas Mass at Vieux Grand Port. I think that the whole church went dead silent when we enter. I do not recall any of us ever going back.
Marriage – I do not know much as I left early. My older sisters’ marriage were arranged, they are still together today. My parents encouraged us to get an education and to stay out of the shop business.
There are lots more that I recall but GTG.
Regards to all
edouard

#9 joseph on 09.26.06 at 9:19 pm

Il existe chez nous un certain esprit mur qui a su decerner l’essentiel. Je le decouvre chez des jeunes et je me pose la question. Pourquoi cela nous a pris autant de temps a nous?

Paulo

On Tuesday, September 26, 2006, at 11:02 AM,

Paul – There are no reason for you to feel bad. That’s the way it was. I’m not saying that it is right. Let us be frank so that we can be at peace with our own feeling. There were and still is division between different races and nations and to that effect between the rich and the not so rich of the same race.

Hope we all do our best, with no preconceive prejudice, to make this place a better world. We are on our way out, so let’s teach and pass the flame to our kids.

Edouard

#10 joseph on 09.26.06 at 9:25 pm

Robert – You are right – Domaine du Chasseur at Anse Jonchee between Bois des Amorettes and Bambou Virieux. Apparently wildlife is plentiful in the region (fishing was good too). I recall the hunters (mostly white) with their fancy vehicles (land rovers). Dad had to stock up on white horse whisky, me with my French with patate chaud dans la bouche. Goodwill Rum was the standard for the locals. I brought one over and had some of my friends sampled it (left over is still sitting in the cabinet). Let’s say it was difficult to make it go down_it made the conversation interesting. One thing that dad did not like was to store their rifles.

Bernard – My parents rented a house in Port Louis for all the children to attend college. By the time I was in Form 3 (deem old enough to help fulltime), I travelled each day during ‘La coupe can’. Most times, I had to be in the shop in the evening Thursday, Friday and weekend. I took the 5:30 am bus to Mahebourg_Curepipe_Rosehill. Same after school. The bus driver and conductor knew me (they lived in Grand Sable) and would stop even if the bus was full. That would be another story to relate the bus going to Mahebourg with the farmers taking their vegetable and livestock(chicken) to the market. You could not even walk up the bus aisle.

Sometime when they change driver who would not stop, I went the other way – to Bel Air_Montaigne Blanche?_Rosehill.

There was a lot of studying when I was traveling – I recall all the shit lists of “lesson not known” in my report book unlike Henri’s report.

Edouard

MERCI EDOUARD

LES RUINES DE TA BOUTIQUE SE TROUVENT JUSTE DEVANT L’ENTREE DU DOMAINE DU CHASSEUR

salm

Robert

#11 joseph on 09.27.06 at 10:17 am

Paul – There are no reason for you to feel bad. That’s the way it was. I’m not saying that it is right. Let us be frank so that we can be at peace with our own feeling. There were and still is division between different races and nations and to that effect between the rich and the not so rich of the same race.

Hope we all do our best, with no preconceive prejudice, to make this place a better world. We are on our way out, so let’s teach and pass the flame to our kids.

Edouard

#12 joseph on 09.27.06 at 10:18 am

Paul – Do you mean the Canadian youths? Or Mauritians?

I would hesitate to say that we were less exposed to the real world, reality of life in our time. Among parents today, we hear that our kids are living in a harder time than we were.

Our habits, behaviours are formed from the environments we live in. We were probably taught “to think it but don’t say, if you have nothing good to say, keep quiet”.

I hope I understand what you are asking?

#13 joseph on 09.27.06 at 10:19 am

La verite a toujours ete occultee dans notre societe a Maurice. Le clivage etait grand et nos parents y veillaient. Joseph a raison de dire en d’autres mots : “what would we have done with information we did not know how to process?” C’est pourquoi j’ai autant apprecie le livre de Jean Claude de l’Estrac, mauriciens enfants de mille races.
On aura beau lire des bouquins, mais les contacts directs comme ceux que j’ai connus avec toi ont tellement de valeur que les mots me manquent pour l’exprimer. Certains jeunes en general ont une curiosite sur tout ce qui les entourent et rien ne leur echappe et j’apprecie. Le mot “diverti” a plusieurs connotations. A 20 ans je n’avais aucun sens de l’essentiel. J’avoue et j’ai honte de mon ignorance. “If I met myself as the person I was 40 years ago, I would hate my stupidity” If this makes sense then “tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes”

Paulo

#14 joseph on 09.27.06 at 10:21 am

Je pense qu’on a tous evolué dans le bon sens.Nous devrions etre fiers pour ce que nous sommes devenus et Je suis bien content d’etre votre ami.

I agree.

“The good thing is the story has better flavour today”. True. We have come to age.

E

#15 joseph on 09.27.06 at 9:06 pm

Edouard merci pour ce gros coup de souvenir.

It strikes me that life and history are indeed mysteries to all of us. Why on earth did our parents make the journey from 10,000 kms away, from some poor hillside tribal villages in the depths of China (you who have been to Moiyen in China can now probably compare) to end up in a tiny spot of an ismand and for your own parents to end up in some other hill side (beautiul by the way) village is all a matter of wonder.

As time changes and space rotates we now find ourselves “floating” in different worlds, you riding a 1000 cc bike throughout the limitless Canadian borders, me fencing my way through the rush of the metropolitan rat racers, I know of some brillant immigrant kids that are actively learning Chinese so that they get posted in Shanghai or Hong Kong !

Seems like in 40 years “la boucle est en train d’être bouclée” !

Philippe

#16 Michel on 09.29.06 at 7:10 pm

From Australia,

La boutique chinois
having studied at universite de la reunion for 2 years , I can say that la boutique chinois was quite the same as in mauritius, only much expensive. If I now drive my experience to Australia , there is no such thing. certainly china influence is not direct but most certainly Vietnam and Malaysia.

But the most rewarding experience was to work for a traditional Chinese shop(enterprise) (established 1918) which revealed to be more advanced in delegating and giving responsibility to (qualified) outsiders .
Well, I guess you cannot have the sand of Sydney and …

#17 joseph on 09.30.06 at 9:01 am

I had once met in Hong kong a 3rdor 4 th generation Australian born Chinese who told me the story of the migration of his family. His foerfather was employed as labourer to build the railways. Since their family prospered as a minority in the then White Australia.Indeed there were a few of these Chinese long established Chinese entreprises as opposed to the more recent migration post Vietnam conflits and the large influx of Malaysian Hongkong and Prc Chinese…

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